Pastels à Prilly

Une maison complètement assainie qui tire son inspiration de son origine, les années 1900. D'un côté, un travail de restauration fine – les parquets, le mobilier d'époque, les rangements sur mesure, de l'autre un gros œuvre de fond avec une toiture refaite et isolée, des fenêtres intégralement remplacées.

Y surnage un esprit Belle Époque, façon maison de maître aux pastels quasi méditerranéens, aux détails qui semblent relever d'un siècle passé, mais proposent pourtant une lecture d'une évidente modernité. Un mix parfaitement abouti symbolisé par le contraste ici entre une chaise Eames à bascule et un vieux fauteuil de théâtre restauré, là entre une applique de Bernard Schottlander et un lustre en rotin d'Ilse Crawford. Le genre de maison où on vit bien.

Haut de trois étages, c'est un micro-immeuble comme tiré en hauteur, étrangement réduit au maximum. Façade rose poudrée – quasi estampillée Ladurée si l'on osait, et volets tirant vers le vert olive plutôt que le trop sage vaudois, certains y voient une maison pâtisserie comme celle de Jeannot et Margot, plus communément nommés Hansel et Gretel. Il est vrai qu'elle a tout du conte de fées qui se termine bien avec sa salle-à-manger bombant le torse sur le jardin et son mini balcon au charme éclatant. Reposant. Symbiotiques, les couleurs qui la composent offrent un parfait reflet chromatique du jardin luxuriant qui ceinture cette demeure, offrant une saisissante harmonie d'un point de vue minérale autant que végétale.

Vivre bien, en commun

Le rez est un espace d'accueil où trône un solennel, mais néanmoins contemporain poële en faïence blanche, parfaitement neutre. La cuisine repose sur un sol de céramiques au dessin sur mesure et aux multiples nuances de bleu, couleur qui adoucit sensiblement les mœurs et suggère volontiers l'eau rêvée cerclant les îles Égéennes. On s'y sent bien. La salle à manger a les dimensions d'une bonbonnière, une grande fenêtre horizontale créée ex nihilo venant faire écho au monumental buffet lui faisant face sur le mur opposé. Ou comment se sentir vivant, au présent, dans un espace qui respire le passé.

Maison d'un couple aux velléités artistiques, mi-musicales, mi-littéraire, elle offre deux étages communs, mais néanmoins individualisés. Les faïences au sol en sont un subtil rappel territorial, les tons bleus pour madame, les rouges terre cuite émaillée pour monsieur, quand bien même il n'est ici fait aucunement mention d'une quelconque Guerre des Rose. Au contraire, vu le soin apporté au jardin.

Subtil alliage mêlant le fonctionnel (la cuisine d'appoint du second étage) au culturel (le bassin y faisant office d'évier), le plus contemporain au moins anodin, cette pâtisserie architecturale se pare dorénavant d'un toit aux tuiles photovoltaïques et d'une isolation nouvelle. Une garantie pour que les couleurs ici poudrées, là pastellisées, ne virent jamais au délavé.

Découvrir l'article du Temps Immobilier consacré au projet